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Écrit premier

Préambule:

En ces temps troubles où la surenchère de commemoration bat son plein au risque de raviver de certains feux qui couvent au coeur de l’homme et qui,croyez-moi,ne s’éteindront de sitôt,j’ai tenu à livrer ci-après une vision de l’enfer bien moins édulcorée que celle que l’on présente de manière ludique aux enfants en leur faisant visiter des lieux de mort et de souffrance.
Je doute,cela n’engage que moi,que cette forme d’exorcisme-car c’en est une-du spectre de la guerre aboutisse au résultat souhaite…
Ce rêve,d’une précision hallucinante,que j’ai fait-tenez-vous-un 10 novembre m’a laisse a l’époque tremblant sur mes bases pendant quelques temps.
Le voici.

 

Réminiscence de la géhenne:

Me hantent encore les pensées,
Des visions de batailles,
Dans les tranchées
Sous un déluge de mitraille.

Ah!Toute cette chair brisée
Par le feu et l’acier
Qui tombe des cieux!
Ou es-tu mon dieu!

Ah!Tous ces corps meurtris
Dont on fait des remparts
Et cette pestilence qui emplit
L’air de toutes parts!

Et les rats!
De gros rats bien gras
Qui rongent des galeries
Dans les restes pourris
De mes camarades en tas.

Parfois,saisis de frénésie,
Ils nous mordent la nuit.
Alors a notre tour
Nous les chassons jusqu’au jour:
Pour améliorer l’ordinaire
Comme on dit.
A cela rien d’extraordinaire,
La survie est a ce prix.

Depuis des semaines
Rien ne bouge.
« Bientôt-nous dit le capitaine-
Le sang coulera rouge »

La terre de ce bourbier
Est toute gorgée
Du précieux liquide
Qui suinte des corps livides.

Avec les autres nous guettons,
Figes dans la boue
Jusqu’aux genoux.
Statufiés,nous apprehendons
Un assaut qui tarde.
L’ennemi aussi nous regarde.

Seules les baïonnettes se déplacent
Dans les tranchées en face.
A quelques mètres a peine
Quelle étrange scène…

Voici que vient la nuit:
Ce ne sera pas pour aujourd’hui….
A moins qu’un general ne décide
D’illuminer les cieux vides
Des feux de l’enfer…
A moins qu’il ne pleuve du fer…

Au milieu des terres dévastées,
Sous l’éclat lunaire
J’ai cru voir danser
La mort.C’était hier.

Elle avançait en ricanant,
Délivrant les mourants
Gisant dans leurs entrailles
Des douleurs qui tenaillent.

D’autres que moi ont eu
Cette vision funeste.
Hélas!Ils ne sont plus
Que de pauvres restes

Nous étions cent poilus,
Nous voilà réduits a dix.
Pendant que je t’écris,
Maman,on distribue
Le vin qui inhibe la peur.
L’assaut est pour tout a l’heure.

Deux cartouches chacun….
Ce sera donc le corps a corps:
Tous unis comme un
Dans un duel a mort.

Adieu,maman chérie,
J’aurai seize ans demain
Et si dieu épargné ma vie,
Je jure par tous les saints
D’épargner celle de l’ennemi!!!…..

Laurent alias lorenzo