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La boîte de Pandore

À toi, chercheur obstiné,
Aux pauvres doigts gourds
Qui tâtonne aveugle et sourd
Dans les couloirs enténébrés
D’un labyrinthe sans fin,
Oscillant entre mal et bien…

Parfois tu donnes du pied
Dans un obstacle inconnu
Dont les formes incongrues
Éveillent ta curiosité.

Tu t’en saisi alors
Et l’emportes au-dehors,
Là où tes sens atrophiés
Te permettront de mieux l’étudier.

Tes semblables te rejoindront autour
Étonnés d’avoir découvert
Fortuitement comme toujours,
Un des secrets de l’univers.

Loin de partager pourtant
Ta légitime euphorie,
Moi, profane mais prescient,
Je te dis ceci :

« Si tu dois créer
Des concepts et des lois
C’est que dans ta myopie
Tu auras mal regardé
Autour de toi
Mon pauvre ami ! »

Chaque jour,

Tu foules des êtres
Inouïs de beauté
Et de complexité
Créés par le maître.

Une simple fourmi
Ou un brin d’herbe verte
Demanderaient des vies
D’étude à un esprit alerte.

Le sage,

Face à un grain de blé
Découvre l’univers entier
Sans ressentir
Le besoin d’agir
À sa manière
Sur la matière.

À présent tu clones la vie,
Génétiquement tu modifies?
À Dieu tu joues
Pauvre fou !

La boîte de Pandore, voilà
Ce qu’un jour tu trouveras :
Au fond d’une impasse.
Toi, malgré ta vue basse,
Tu n’auras d’yeux que pour elle.
Que contenir peut-elle ?
Te diras-tu
En bon ingénu.

Tu parviendras bien sûr
À en forcer la serrure.

Alors…

Tous les vieux démons
Depuis des siècles enfermés
De la boîte jailliront…
Alors seront comptées
Nos heures, pauvre con !

Les maux circonscrits
Tu libèreras.
Épidémies puis pandémie
Tu provoqueras.

Les virus, tes petits amis,
Avec lesquels encore hier
Tu semblais te complaire
Se chargeront, c’est ainsi
De nettoyer la terre…

Octobre 2004
Lorenz von Oberbruck